Technique - Media - Services

Décryptage : comment réussir l’analyse concurrentielle et affiner son positionnement de marque

Conseils, inspirations et solutions pour vos communications

L’analyse concurrentielle, un travail de terrain trop souvent négligé

Dans un monde où chaque structure, grande ou petite, rivalise pour capter l’attention, comprendre l’environnement concurrentiel n’a jamais été aussi vital. Pourtant, nombreuses sont les PME, associations ou créateurs d’entreprise qui sautent cette étape ou l’abordent superficiellement. Résultat : soit la marque se noie dans la masse, soit elle démarre à côté des attentes du marché… Le diagnostic concurrentiel demande méthode et recul, au risque sinon de passer à côté de leviers stratégiques essentiels.

Selon une étude menée par Forrester (2023), 64 % des petites et moyennes entreprises françaises interrogées affirment ne « pas avoir une vision claire » de leur paysage concurrentiel. Pourtant, 71 % de celles qui structurent régulièrement ce travail disent avoir gagné des parts de marché en moins de deux ans.

Quelle méthodologie adopter pour analyser la concurrence avec pertinence et faire évoluer son positionnement de marque sur de bonnes bases ? C’est le fil conducteur de cet article, basé sur des pratiques terrain, des outils accessibles — sans jargon inutile — et une optique résolument orientée résultat.

Pourquoi une analyse concurrentielle structurée change tout ?

Avant d’entrer dans les étapes, rappelons pourquoi cette démarche donne un avantage compétitif incontestable :

  • Affiner son offre (produit/service) et son argumentaire en repérant zones saturées, attentes non adressées ou opportunités de niche.
  • Identifier son “terrain de jeu” pour éviter le pilotage au doigt mouillé ou le mimétisme sans stratégie.
  • Construire un discours différenciant là où il y a trop de messages similaires.
  • Optimiser ses budgets en investissant sur les bons canaux, ceux où la concurrence est présente mais aussi là où elle laisse de l’espace.
  • Réagir vite : détecter les évolutions du secteur, anticiper les repositionnements ou l’arrivée de nouveaux entrants.

Ce cadrage évite la dispersion, la dilution de la marque, et surtout le fameux « on fait comme les autres » qui ne mène nulle part !

Étape 1 : cartographier la concurrence pertinente

Première tentation classique : croire que la concurrence se limite à son voisin direct. Or, la réalité est souvent plus nuancée ! L’enjeu est d’identifier à la fois :

  • Concurrents directs : ceux qui proposent la même offre, sur la même zone de chalandise ou digitalement.
  • Concurrents indirects : solutions alternatives répondant au même besoin (par exemple, pour une association proposant des ateliers santé, la concurrence inclut aussi les applications de coaching en ligne, pas uniquement les autres associations locales).
  • Nouveaux entrants et “outsiders” : start-ups, acteurs d’autres secteurs qui pourraient pivoter vers votre marché.

Pour ce mapping, il existe plusieurs outils :

  • Recherche Google manuelle : tapez vos mots-clés et regardez qui apparaît sur les 2-3 premières pages.
  • Alertes Google ou Talkwalker Alerts : pour surveiller l’apparition de nouveaux acteurs.
  • Outils métiers (gratuits ou freemium) :
    • SimilarWeb pour analyser les sites concurrents.
    • SEMrush ou Ahrefs pour cartographier le paysage digital (notamment, contenus et présence en SEO/SEA).
    • Pour le local/offline : vérifiez les entreprises recensées sur les CCI ou plateformes type Kompass, Yelp, pages jaunes.

Étape 2 : collecter des informations clés… mais ciblées

Plutôt que de recenser tout, privilégiez quelques axes de veille et de recueil d’informations réellement pertinents pour nourrir le positionnement :

  1. Offre et positionnement (gamme, prix, messages forts, innovation, image perçue).
  2. Canaux de communication utilisés et leur efficacité visible : réseaux sociaux actifs, newsletter, partenariats.
  3. Réputation et e-notoriété : avis sur Google, Trustpilot, forums, réseaux sociaux.
  4. Relation client/membre : qualité du SAV ou de l’accompagnement, expérience vécue (mystery shopping quand c’est possible !).
  5. Visuels, packaging, identité graphique : charte visuelle, design des supports, storytelling (ex : pourquoi telle marque est perçue comme “pro” ou “fun” ?).
  6. Stratégie de contenu : sujets traités, formats utilisés, engagement généré (likes/partages/commentaires).

Astuce terrain : pour un diagnostic rapide, le benchmark sur 3 à 5 acteurs suffit la plupart du temps, quitte à enrichir par la suite.

Étape 3 : organiser l’information pour comparer à bon escient

Une erreur courante : regrouper les infos dans un tableau à rallonge impossible à interpréter ! L’idéal est de croiser les axes qui font la différence sur VOTRE secteur :

Critères Votre marque Concurrent A Concurrent B Concurrent C
Positionnement vendu Accessible et expert Innovant et premium Rapide et faciliteur Traditionnel et rassurant
Offre phare Ateliers personnalisés Formations en ligne Packs “clé en main” Service sur mesure
Tarif moyen 90 €/mois 120 €/mois 75 €/mois 100 €/mois
Canaux forts Instagram, ateliers physiques LinkedIn, webinaires Facebook, partenariats locaux Bouche-à-oreille, newsletter
Points faibles visibles Peu de visibilité presse Peu d’interactions utilisateurs Pas d’innovation Image vieillissante

Cet outil visuel aide immédiatement à pointer ses atouts, les axes d’amélioration et les “trous dans la raquette” côté concurrentiel.

Étape 4 : évaluer ce qui fait (vraiment) la différence

La clé, c’est de s’extraire d’une approche purement descriptive. Il s’agit de répondre à :

  • Quelles forces réelles ma marque présente-t-elle dans ce panorama ?
  • Existe-t-il une dimension trop “effet de meute” (ex : tout le monde fait un podcast, mais personne ne propose une mini-série vidéo) ?
  • Quelles faiblesses adressent ou non mes concurrents (délais, personnalisation, accompagnement humain…) ?
  • Où puis-je créer plus de valeur ressentie (expérience au point de vente, nouveaux formats de contenu, programme de fidélité…) ?

Une piste : appuyez-vous sur des matrices pour objectiver vos analyses. La matrice SWOT (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces) reste très efficace, un outil d’ailleurs toujours utilisé par 80 % des entreprises du CAC 40 selon Harvard Business Review. Mais on peut aussi s’inspirer de la matrice de différenciation d’Osterwalder ou du “value proposition canvas” pour cadrer les réponses.

Étape 5 : ajuster son positionnement avec lucidité et créativité

Le risque post-analyse : vouloir s’aligner sur les leaders (effet jogging) ou, à l’inverse, négliger les signaux faibles détectés. Un bon positionnement résulte d’un juste dosage entre :

  • Ce que vous faites de mieux que les autres — quitte à ce que ce soit un point qui paraît “petit” : proximité, écoute, expérience sur le terrain, rapidité d’action, etc.
  • Ce que votre cible valorise vraiment, quitte à interroger directement quelques clients ou membres (5-10 suffisent pour avoir des éléments terrain).
  • Où il y a de la place, c’est-à-dire là où la concurrence est timide ou propose des expériences moyennes (ex : un acteur local peut tirer parti d’un SAV hyper-personnalisé ou de services sur-mesure alors que les grands groupes sont centrés sur la standardisation).

Quelques clés pour opérer ce virage sereinement :

  • Clarifiez votre promesse : résumée en une phrase simple et claire.
    • Exemple terrain : « Un accompagnement humain, du premier brief à la réussite de l’événement ». C’est simple, mais tous vos supports doivent l’incarner.
  • Déclinez-la dans vos outils : n’hésitez pas à challenger vos supports (site, plaquettes, profils réseaux) pour voir si la promesse est vraiment lisible… ou diluée dans la masse des messages standards.
  • Testez rapidement des évolutions : A/B test sur vos campagnes, retour terrain sur un nouveau format, mini-sondage auprès de vos clients/membres.

À noter : selon l’étude “The brand positioning report 2023” (Statista), 62 % des consommateurs déclarent choisir une marque pour « sa capacité à rendre claire et concrète sa différence ». Mais seulement 26 % jugent qu’elle tient cette promesse une fois la prestation vécue — véritable enjeu de cohérence dans le temps.

Quelques outils concrets pour ne pas se perdre dans l’opérationnel

  • L’outil “free” du moment : le Google Sheets partagé pour votre tableau concurrentiel, facile à enrichir et à commenter.
  • Le “tour terrain” express : testez vous-même le parcours client chez 2 à 3 concurrents (inscription newsletter, achat, expérience sur les réseaux… parfois, une heure suffit pour repérer de vraies pépites ou des failles flagrantes).
  • Le site “Scanresultats” : utile pour voir comment les consommateurs jugent une marque en live sur les plateformes d’avis. À utiliser en complément de Google Reviews et Trustpilot.
  • Alertes de mentions : Mention ou Talkwalker pour ne pas rater les signaux d’évolution dans la communication concurrente ou l’arrivée de nouveaux joueurs.

Dynamique de veille : inscrire l’analyse concurrentielle dans la durée

La véritable force d’une démarche concurrentielle : faire de cette analyse un réflexe (non une corvée annuelle). Petite structure ou association : il est tout à fait possible de déléguer/diffuser cette mission en interne selon des cycles courts (une fois par trimestre pour les secteurs actifs suffit souvent). Parmi les bénéfices observés :

  • Réactivité accrue sur l’évolution du discours concurrent (visuels, engagement…)
  • Meilleure préparation aux appels d’offres ou pitchs : argumentaire taillé sur-mesure, différenciation plus nette
  • Valorisation en interne : les équipes se sentent plus impliquées car elles perçoivent la “compétition” et l’enjeu du positionnement collectif

Près de 78 % des professionnels interrogés par Content Marketing Institute en 2022 notent « qu’une veille régulière et partagée améliore la cohésion interne et la capacité à réagir sans stress ».

Pour aller plus loin : ressources pour affiner son benchmark

  • Cours et tutos gratuits sur l’analyse concurrentielle : CCI France propose des webinaires et fiches synthétiques accessibles même aux débutants
  • BPI France : guides complets et retours d’expérience PME sur la construction de leur positionnement
  • Le site Stratégies (rubrique “Benchmarks et tendances”) publie régulièrement des exemples de repositionnements marquants

Au-delà de l’analyse : faire vivre sa différence

Adopter une méthodologie rigoureuse pour analyser la concurrence, c’est gagner en clarté et en agilité. Que ce soit pour mobiliser ses équipes, convaincre ses clients ou simplement orienter ses choix de communication, une veille active et un positionnement ajusté sont autant d’atouts pour évoluer sur votre marché. À l’heure où la compétition s’intensifie, garder un œil lucide (et parfois impertinent) sur ce que font les autres reste l’un des plus sûrs moyens de faire émerger sa singularité… et de pérenniser sa marque, quel que soit son secteur d’activité.

En savoir plus à ce sujet :

Décrypter la concurrence pour affiner sa stratégie de communication : méthodes et outils adaptés au marché français

En France, selon l’INSEE, on recense près de 995 000 créations d’entreprises en 2023. La concurrence s’intensifie donc dans la quasi-totalité des secteurs ! Dans ce contexte saturé, analyser les stratégies de communication des concurrents offre trois b...

Construire un positionnement de marque efficace pour une entreprise française en 2025

Définir le positionnement d’une marque n’est pas un simple travail d’image. C’est un pilier stratégique, au cœur d’un marché français où les comportements des consommateurs évoluent vite, où la concurrence — souvent...

Stratégie de communication en entreprise : réussir en France en 2025

La communication performante commence toujours par une écoute attentive. Or, trop d'entreprises françaises cèdent à la tentation de "parler à tout le monde" — au risque de ne convaincre personne. Identifier ses cibles est la clé d’entrée indispensable. Pourquoi...

Marque & digital : naviguer entre tendances et identité pour un positionnement fort

À l’ère du numérique, les entreprises évoluent dans un paysage en mouvement perpétuel. Les tendances digitales ne sont plus de simples phénomènes passagers, mais le reflet accéléré des évolutions de la société, des...

Maîtriser la communication en France : cartographie et planification avec les bons outils

Avant de s’engager dans la planification pure, il faut comprendre en détail son environnement de communication. La cartographie permet de visualiser d’un coup d’œil l’ensemble des parties prenantes, des canaux, des enjeux et des flux...